Le festin du lézard de Florence Herrlemann

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Présentation du roman par l’éditeur : Antigone 14

La nuit est tombée sur la grande et mystérieuse maison. Au fond du parc, la lourde grille reste obstinément fermée sur l’autre monde. De la salle à manger montent des voix. Avec son fidèle Léo, Isabelle se prépare à descendre dîner. Tout semble normal.

Normal ? Pas si sûr…

Très vite, le doute s’installe : qui sont-ils, cette Mère qui terrorise Isabelle et règne sans partage sur ce monde comme replié sur lui-même ? ce Léo, qui jamais ne parle, ni ne répond ? ces visiteurs, dont Isabelle semble tant redouter la présence ? Et pourquoi ces barreaux, aux fenêtres de sa chambre ? Qui donc est Isabelle ?

Dans cette fresque allégorique de l’écrasement et de la toute-puissance matricielle, Isabelle raconte, se raconte : les mots sont sa nomination du monde, sa revanche, sa seule et dérisoire forteresse… Des mots qu’elle lance comme un S.O.S., des mots que l’on reçoit comme une pierre dissimulée dans une boule de neige…

Le Festin du Lézard : un texte lumineux comme un ciel d’orage, onirique et poignant.

Biographie de l’auteur : 

Née à Marseille, Florence navigue entre Lyon, où elle vit, et Paris, où elle travaille. Premier bain artistique à 15 ans à Nice, avec trois ans de cours de théâtre. Plus tard, à Paris, ses rencontres avec de nombreux artistes lui permettent de « toucher » à la musique et à la sculpture avant de décider, en 2003, de passer derrière la caméra. Elle réalisera, entre autres, un film de sensibilisation à l’enfance maltraitée, diffusé par le Ministère de la Famille.

Le Festin du Lézard est son premier roman.

Un extrait, une phrase :

Ressentez-vous la menace, Léo ? Etant donné le bruit épouvantable que font ses pas dans l’escalier, je la sens décidée à venir nous rendre une petite visite. Je sais que je vais avoir peur, d’ailleurs j’ai peur. Je sais que je ne vais rien pouvoir faire. D’ailleurs, je ne suis plus en mesure de bouger.
Je mesure l’horreur qui nous attend.

Ce que j’en pense :

Ma première attirance a été pour la couverture de ce livre. Cette silhouette de femme flottant dans un paysage sombre, anxiogène, étonnant, elle m’a tout de suite donné envie de découvrir les mots de Florence.

Puis sont arrivés les mots de Denis, ceux des chroniques du hibou. Son enthousiasme, son coup de cœur et sa fièvre à faire connaitre ce roman, cette auteure. Par la suite, j’ai vu passer beaucoup de billets étonnés, flatteurs, séduits.

J’ai donc décidé de le lire. Au milieu de ma lecture, il a fallu que je fasse des pauses, que je dise oui, je le lis, je suis dedans, j’y suis mais j’ai peur. J’ai mis du temps à savoir ce que j’en pensais vraiment. Où l’auteure veut-elle nous emmener ? où veut-elle en venir ? que peut être la fin ?

Il n’y a aucun doute : Florence Herrlemann a un style, une patte. Une capacité à décrire une certaine folie, à installer une atmosphère entre le rêve et le cauchemar, jamais loin d’une réalité cruelle, parfois insoutenable.

Je l’ai senti proche, la vraie vie, de vraies blessures qui écorchent Isabelle, qui la malmènent. A moins que ce ne soit que sa folie propre. Je ne peux rien dire. Je ne dévoilerai rien. Combien même je le voudrais, c’est impossible. Je peux vous raconter une histoire, un début, un milieu, une fin, un autre lecteur en aura retenu toute autre chose. Et c’est là aussi probablement une nouvelle force de Florence : nous laisser notre libre arbitre sur les images que l’on en garde.

Ce roman est torturé, douloureux, violent, mais d’une façon psychologique comme dans les vieux films d’horreur du Hollywood des années 50 où il n’y avait pas besoin de sang et de blessures immondes pour faire peur. Tout se passait dans la mise en scène, dans les regards et les silences, dans la musique et la psychologie des personnages. C’est ce que j’ai ressenti en refermant ce livre. J’ai vécu un drame psychologique en noir et blanc, de ceux qui font vraiment peur, et qui ne jouent pas avec la facilité.

Je suis très curieuse de voir ce que peut écrire Florence Herrlemann après ce roman. Va-t-elle rester dans ce style enrobant mais angoissant ou peut-elle se promener dans un autre environnement plus léger ?

A suivre… Merci Denis pour cette lecture. Merci Florence Herrlemann pour ce roman différent. Cela fait du bien d’être secouée parfois.

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Broché: 160 pages

Editeur : Antigone14 Editions (2 avril 2016)