ATELIER D’ECRITURE BRIC A BOOK #58

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Une nouvelle semaine, un nouveau texte pour l’atelier de Leiloona.

Sur une très belle photo de © Emma Jane Browne

Pour voir tous les textes, c’est ici !

Le mien est juste là, n’hésitez pas à y laisser un petit mot en commentaire en dessous…


– Il faut que je te dise quoi ?

– Ce que tu ressens.

– Ce que je ressens ?

– C’est tout à fait ce que je viens de te demander.

– Mais ce que je ressens, en vrai ? Là, maintenant ?

– C’est l’idée. Tu peux m’en parler plus tard, mais je ne serai probablement plus ici.

– … Je ne sais pas, moi.

– Cherche encore

– Tu m’agaces !

– C’est un début.

– Non, mais vraiment, je ne sais pas, et ça me saoule ton truc.

– Cherche mieux.

– Tu ne lâches jamais rien, toi ! Comme tu veux. Alors, voilà : je suis frigorifiée, tu m’embarques au parc, à huit heures, un dimanche, LE jour où on peut faire la grasse matinée. Le canal est quasiment gelé, tellement il fait froid. Nous sommes seuls ici parce qu’il n’y a pas d’autres andouilles à venir si tôt en plein hiver.Même les canards se planquent pour dormir. Je me pèle les miches et tu me poses des questions débiles. Donc ce que je ressens, c’est le froid et l’agacement. Ça te va ?

– Ça me va.

– Et maintenant, quoi ?

– Maintenant, rien, détends-toi, respire et regarde comme c’est beau.

– Pourquoi, tu ressens quoi, toi ?

– Je ressens de la gratitude : J’ai le privilège de voir la nature se réveiller avec toi. J’entends le silence de l’air, le bruissement de son souffle dans les feuilles des arbres et le passage d’un vent léger sur l’eau du canal. Je sens la fraîcheur du matin, mon corps qui s’ouvre au nouveau jour. Je sens mon sang circuler, ma peau vibrer, mon cœur palpiter. Je t’entends râler, je te regarde te geler, j’ai envie de te serrer dans mes bras pour te réchauffer, te couvrir de baiser. Je réalise que même énervée, même fatiguée, même frigorifiée, je te vois comme tu es, et tout en toi me plait.

23 réflexions sur “ATELIER D’ECRITURE BRIC A BOOK #58

    • Moi non plus. Il m’est souvent arrivée de courir au petit matin au parc de Versailles. En hiver, c’est exactement comme sur la photo. Ma première pensée, qui ne me quitte qu’au bout de dix minutes, c’est « mais qu’est ce que je fous là !! »

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  1. Mélie

    J’aime beaucoup le fait de pouvoir s’imaginer les deux personnages. Pour moi c’et une mère et sa fille qui cherchent à renouer le dialogue. Quoi de mieux que dame nature comme médiatrice.

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  2. C’est beau.
    Oui, lâcher prise, trouver même par exemple, quand on se réveille à l’aube, que la douce lumière autour de nous est un joli retour à la vie … S’émerveiller d’un rien. C’est bête à dire, mais on revient au carpe diem. :)
    Et tu l’exprimes avec toute ta sensibilité.

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  3. Manue Rêva

    Moi j’aime bien regarder la nature qui se réveille et toussa, toussa … de bien au chaud sous ma couette par la fenêtre … j’avoue !!!! Mais c’est vrai que j’ai ressenti tout ce que tu écris, à chaque entraînement d’aviron en plein hiver, la nature qui émerveille et le fait d’être poussée hors du lit pour aller me geler les miches !!! Joli retour en arrière ! Merci ;-)

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  4. C’est tellement vraie, cette scène, l’une n’est absolument pas connectée à la nature, l’autre s’y baigne et s’y plaît et tente même de faire apprécier ce moment en insistant, car pour lui cet instant est magique et je le comprends, jolie tranche de vie.

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  5. Valérie

    Un très chouette texte sur le point de vue. Même en râlant c’est bien de dire ce que l’on ressent surtout quand l’autre est demandeur. Quand il fait moche, il est vrai que je recule à aller courir mais quand je me force c’est vrai que la nature arrive toujours à m’apaiser.

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